Acrobaties dessinées

Sandra Moussenpès, 'Acrobaties dessinées', publication, 2012

Une place singulière est faite au monde de l’imaginaire et du féérique à travers l’écran où s’entremêlent poésie, prose, fiction et enquête. Sandra Moussempès nomme ce qui échappe au genre, esquisse le portrait malléable d’un récit en mutation continue dans l’élasticité brumeuse du temps qui passe.
 
Livre accompagné du CD Beauty Sitcom.

Parution : Éditions de l'Attente, juin 2012

À propos de l'ouvrage

Une poésie qui tend à conjurer le conditionnement de notre imaginaire, montre l’envers des codes et n’ignore rien du principe d’avidité qui est à l’oeuvre sous les simulacres. Un livre ou cohabitent lucidité et ironie, mais où se réinventent aussi de subtiles raisons de vivre qui sont comme autant d’îles ou de jardins apparaissant comme en « arrière-plan d’une phrase lumineuse.

Richard Blin, Le matricule des Anges, septembre 2012


Sandra Moussempès qui jamais ne s’installe dans le confort s’échappe de livre en livre dans son univers de plus en plus creusé, de plus en plus fascinant et dans ce nouvel opus on lit dès l’entrée ce vers tout sauf sibyllin : « 2 vies d’un coup celle du mort et de la fille vivante » (…) et à l’aune des histoires de famille, princesse –Little princess diary-, starlette-« actrice de ma pensée pensée », « Cendrillon bionique », pin-up vintage : « ne prenez pas le passé pour argent comptant », de poésie tendue en prose acérée « [ceci est un poème] », S.M nous donne à lire et à entendre « une réalité plus envoûtante qu’un film de David Lynch.

Claude Chambard, Cahier critique de poésie, 2013


Le charme qui a captivé mon année opère à nouveau. Un instant, avec une netteté inégalée, il unifie l’espace. Les choses s’éclairent en présence des livres, et les livres, comme un feu de forêt se propageant d’un arbre à l’autre, s’accordent enfin aux « Acrobaties dessinées » de Sandra Moussempès (…) Tout dire. Briser la coque durcie des individus. Accéder à la transparence qui relègue celle qui écrit, elle et son opacité, dans la coulisse, ou dans la salle, ou derrière l’écran d’une salle de projection, voire d’un film, ou d’un clip, cet enchaînement d’images brillantes et saccadées, d’images sonores, de visions textuelles, étant donné comme dispositif de la littérature…

Philippe Rhamy Wolf, Remue.net


Sandra Moussempès n’est jamais plus elle-même que lorsqu’elle se livre et se projette ainsi dans un livre-dossier (dé)rangé. Au devant de son obscurité, en plein dans sa propre image, au risque d’y conjoindre celle de Narcisse. Malgré et contre soi, devenir, rester, témoigner, et voyager à l’intérieur des techniques et des choses, des modèles et des types. En s’appliquant à lire et à écrire comme on pense, « je pense à penser à ma place », et le je devient le je de tout autre : la place est décriée, la pensée démontée, le sujet dépensant l’amour incertain qu’il se voue à lui-même.

Anne Malaprade, Sitaudis.com, mars 2012


C’est ici l’occasion de rappeler que Sandra Moussempès est l’auteur d’une œuvre dont la subtilité, l’humour et la cohérence s’affirment encore une fois dans cet ouvrage, lequel pour renouveler partiellement sa forme, n’en demeure pas moins fidèle aux grands thèmes des précédents : le jeu avec les stéréotypes du masculin et du féminin, l’évocation du Londres underground des années 90, la scène punk, sans oublier le cinéma dont il est frappant de constater l’omniprésence. Tout un champ de références est ici sollicité (…) le chorégraphe provocateur V.A. Wölfl (dont une séquence du sidérant Das Lamm auf dem Berg Zion ouvre l’un des chapitres), l’Inspecteur Derrick, lequel fait l’objet d’une inattendue et réjouissante méditation, ou encore Hope Sandoval, chanteuse du groupe Mazzy Star illustrant l’éternelle femme enfant et que l’auteur confronte à ses clones de 20 ans plus jeunes dans un espace-temps où les mythes de l’enfance s’hybrident aux formes sophistiquées de la scène « chic/intraveineuse » contemporaine, continuum au sein duquel les années passent « aussi rapidement qu’un simple détournement de paupières ».

François Crosnier, Libr-critique


Difficile de la cataloguer, de l’encercler net. C’est un des charmes (entendre charme au sens sorcier du terme ; entendre sorcier au sens plein : bricolage, irrévérence, spiritualité enchâssées) de cette affaire, de ces miniatures inquiètes que façonne Sandra Moussempès au fil de ses livres : qu’on ne saura décidément, résolument pas, lui choisir un camp, lyrique ou formel, abstrait ou concret, non, son endroit, elle l’invente. Expérimentale ira, elle en veut bien de cet adjectif, oui, qu’on approuve avec elle (entendre expérimentale, aux sens multiples : d’expérience scientifique & d’expérience humaine, charnelle).

Guenael Boutouillet, « Gare Maritime », Materiau composite, 2011