Sauvons l’ennemie

NOUVEAUTE Sauvons l’ennemie poursuit bien sûr cette quête intérieure – ou cette longue enquête à travers les diverses versions de soi-même qu’est l’œuvre de Sandra Moussempès. Chacune des neuf séquences qui composent l’ouvrage apporte ainsi un éclairage différent et révèle un nouveau pan de ces mondes emboités (comme des poupées-gigognes) dont l’auteure seule semble détenir la clef. Qu’elle joue avec des figures spectrales héritées de l’ère victorienne ou avec les héroïnes aseptisées des séries américaines, elle dissimule autant qu’elle nous laisse entrevoir des paysages intérieurs souvent troubles, mais dont l’humour n’est jamais absent. C’est que le poème est pour elle un moyen – plus qu’une fin – et l’éclaire elle aussi à mesure qu’elle avance : « Ma voix se justifie / Par l’écriture // Ma vie se justifie / Par l’assemblage // Cette façon de boire le thé bouillant / Sans se brûler ».

Parution : Flammarion, Coll. "Poésie", mars 2025

À propos de l'ouvrage

Si l’univers poétique de Sandra Moussempès est depuis longtemps marqué par un imaginaire topique, la poétesse parvient toujours à en redéfinir les codes et les marges. La plasticité des figures empruntées à un univers parfois cinématographique, parfois littéraire – le roman gothique, notamment –, et parfois new wave, offre une palette exemplaire du refus de l’assignation et de l’unité (…) L’écriture de Moussempès a défini l’indéfini à soi – à elle – d’un espace de l’écriture où règnent le mystérieux et le tremblement. Le poème, chez elle, est cette manière de se tenir au seuil du château inquiétant pour mieux faire l’expérience du vacillement (…).

Rodolphe Pérez, Diacritik


Dans Sauvons l’ennemie, l’autrice se confronte à son « miroir biographique » en un parcours qui récapitule la thématique de ses livres précédents (…) plus clairement que que dans ses livres précédents, elle évoque des épisodes douloureux de son adolescence. (…) Elle a pour compagnes « les deux Emily » mais aussi « Lilith, Dolores, Pénélope, Iphigénie » (…) Ces réflexions, qui ajoutent à l’émotion de la lecture, acquièrent alors une portée générale, énoncée en deux chapitres brefs où s’exprime l’art poétique de Sandra Moussempès : « Les poèmes brefs forment des allées d’arbres/Les poèmes longs/s’écroulent ».

Alain Nicolas, L’Humanité


« Érigeant une maison hantée, demeure intérieure de l’indistinct et d’une inquiétante étrangeté, Sandra Moussempès fait vaciller les certitudes et osciller les images dans un trouble entre le réel et son double. Le poème alors est un outil de réagencement du réel, et sauvant l’ennemie, un moyen pour en trouver une nouvelle formule, plus juste, faisant émerger une réalité nouvelle, un double. « Voudrais-tu accorder ta main à la seconde moitié de cette phrase ? »

Clément Beaulant, Collateral


« (…) Sauvons l’ennemie, signe sans doute son plus éblouissant texte. Sondant et scrutant toujours les figures féminines, les héroïnes les plus fragiles, la plus anglo-saxonne des poétesses françaises revient pour littéralement sauver l’ennemie, à savoir sauver ce que l’on peut d’un réel blessant et mortifère pour continuer à vivre. Ou plutôt survivre. Un réel saturé qu’un vers synthétise : “Une emprise fait de toi l’équerre parfaite”. Et que l’écriture aura à charge de démêler : “Ma réalité ne vous habite pas / livrée à elle-même dans son gilet pare-balles.”, le poème cherchant à cerner ce qui blesse : “la bouée entre réel et voix off devient l’armure de la parfaite survivante / au coeur plombé”. 

Johan Faerber, Collateral


« Un grand livre de poésie »

Marin Sauveur, Librairie Gallimard


« Variations surréalistes des vagues à l’âme d’une poétesse originale. À la fois héroïne d’un Mulholland Drive revisité et chimère victorienne résolument féministe. Gros coup de cœur pour ces vers insolites et curieux. ♥ »

Coup de coeur, Librairie Maupetit